Quatuor Vocal, Chants populaires italiens et créations contemporaines
En gage d’une appellation non contrôlée :
Nous avons alors compris de façon fulgurante tout ce que Giovanna Marini enseignait dans ses séminaires donnés à l’université Paris 8. L’Italie apparaissait comme une mosaïque musicale aux influences multiples d’une richesse inépuisable, comme le ferment d’une culture qui ne sera jamais diffusée dans les livres d’histoire. Une culture bâtie et polie par la vie des hommes et des femmes et qui structure la société dans ses soubassements mêmes. En effet, les chants de tradition orale n’existent que parce qu’ils sont transmis de bouche à bouche, de bouche à oreille. Ils expriment la volonté, de rythmer les différentes tâches quotidiennes, de prolonger une mémoire des mots et des sons. Ils sont témoin des travaux et des jours des sociétés agro-pastorales. Bref, ils prennent la parole pour donner un sens à la vie. Ils nous ramènent à la nécessité et au plaisir, à l’urgence de chanter pour accomplir une fonction comme celle d’endormir un enfant avec une berceuse, à l’inévitable présence du corps pour accompagner le rythme de la moisson. Nous avons développé une esthétique puisée au carrefour de nos diverses formations et le travail entreprit nous a conduit à associer ces chants populaires italiens à des créations pour le quatuor. Nous tenons ici à remercier Giovanna Marini de nous avoir aidées à poursuivre la voie qu’elle a ouverte. Sanacore se mit donc sur les rails et la gageure du passage d’un genre à l’autre, avec une articulation cohérente, ne nous permit pas d’avoir le souffle court. Pourtant notre rituel de scène consiste à superposer ces deux orientations au point qu’il nous est difficile de dire qu’il s’agit encore de chant populaire italien ou que nous proposons des pièces contemporaines.Il est alors question du passage transversal de cultures si proches et pourtant si différentes, de la Méditerranée dans toutes ses déclinaisons et qui laisse en nous des traces invisibles comme une cicatrice aquatique à conserver par cœur, par voix, en mémoire. Tania Pividori (Sanacore)
Nous avancions dans les ruelles de Sessa Aurunca au pas de la cunnunella, en nous balançant lentement de gauche à droite pour être légers, si légers sur le sol.
Cette procession de la Passion devenait ballet enivrant dans lequel chacun était acteur du rituel.
Ce fut là notre première rencontre sur le sol italien avec le chant populaire.
C’était il y a dix ans.
Ils développent leur propre esthétique musicale selon laquelle à titre d’exemple :
chacun est protagoniste de sa voix et la signe de son timbre si particulier ; la notion de nuance de type piano ou forte n’a pas d’espace puisqu’il s’agit avant tout d’accomplir un rituel ou de raconter une histoire ; les tons sont plus petits ou plus grands que ceux de l’échelle tempérée et marquent souvent un soucis d’emphatisation de ce qui est exprimé ; l’harmonie de la polyphonie, ouverte aux quarts de tons, n’est pas abordée de façon verticale mais horizontale, chaque voix étant indépendante.
Nous avons étoffé les timbres de nos voix, proposé des arrangements originaux qui mettent en exergue la spécificité de chaque chant populaire, mêlé l’italien et ses dialectes à des pièces en français, rencontré des compositeurs qui ont écrit pour nous, retrouvé une nécessité de nos imaginations réunies. Nous nous orientons vers une mise en valeur de deux cultures musicales, celle de l’écrit et celle de l’oral avec toutefois le développement d’une expression poétique, qu’elle soit savante ou profane.
Discographie : « Passages » – « Via Urbana » – « All’aria » chez Buda Musique
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