L’enfant, le vieillard, le puissant ou le faible, le savant comme l’ignare… nul ne peut prétendre échapper à la maladresse. Elle est la marque de notre émotion et de notre fragilité. De notre grâce, même. La littérature est peuplée de maladroits, la science est ponctuée d’erreurs judicieuses, et la peinture primitive, et le cinéma burlesque… Partout la maladresse révèle son sens moral et son altruisme
Il est donc temps de saisir la dimension heureuse de cette faute créatrice à une époque où il faut un homme parfait, où la science est régulièrement mise en demeure de garantir un monde sans faille. Penser la maladresse, en comprendre l’esthétique et les ressources créatrices est donc non seulement une forme de sagesse, mais aussi une action de résistance face au triomphalisme technologique ambiant.
Poème d’amour maladroit en forme d’oxymore
Aveuglée par une conversion,
mon âme est bien réelle dans la lumière de nos fleurs du matin.
Tout est plus proche, à portée de main.
Un pont de brume rose.
Deux enfants portant
des raisins.
Je voudrais te parler.
Mon image et son reflet dans le foin bordeaux du soir,
dans les cuisses du destin.
Le paysage se fond,
préfigurant un bal sans titre
entre le ciel et le ciel dans l’eau.
De mes pieds ailés je t’invite à valser.
Ma robe épouse les règles du temps
évente la forme de nos corps,
se vide, se vide.
Nos jeux.
Nos fêtes.
L’orage dans une boule de cristal.
Nous voyageons sur ton regard aux courbes du destin.
Je meurs à la renverse les cheveux défaits et ma vie souffle
douce amère aux frontières d’un sombre miracle.
Nos orteils font des tours
et semblable à tes rêves
survolent l’herbe chaude.
Soir et matin je chasse tes rivières,
j’épuise ta fatigue.
Soir et matin je gonfle mes caresses
jalousant la poussière qui jaillit de tes yeux.
Je suis un feu de paille un astre qui t’éclaire
pour voler quelque instant à ton sourire de lave.
Entre le ciel et le ciel dans l’eau
il n’y a plus d’espace.
Entre le ciel et le ciel dans l’eau,
dans la blancheur sépulcrale je t’aime.
Pas de commentaires