Titres
- Su Pizzineddu
- Nana Bobo
- Lavandaie Del Vomero
Artistes : Anne-éléonore Bovon, Anne Garcenot, Christine Laveder, Tania Pividori
Quatuor a cappella de chants polyphoniques, traditionnels, populaires italiens et de créations contemporaines. A capella : quatre voix comme une multitude d’instruments, pour découvrir l’Italie, la méditerranée.
« Via Urbana » est le fruit de la lente transformation qui s’est opérée en nous par l’écoute, la compréhension et la pratique des chants populaires italiens. Dans l’élan musical qu’ils impulsent vers notre présent, le choix d’intégrer des pièces de musique d’aujourd’hui au coeur de la musique traditionnelle nous est apparu comme une évidence.
L’écoute des chants s’opère à plusieurs niveaux : de près, sur place, au cours des processions des Semaines Saintes et des Fêtes mariales, où cette notion nouvelle pour nous de religiosité populaire nous a bouleversées ; de loin, à l’Université de Paris VIII – Saint-Denis dans le séminaire de Giovanna Marini, ou à l’écoute des enregistrements effectués par l’Istituto Ernesto de Martino, dépositaire de plus de trente années de recherches ethno-musicologiques en Italie.
La compréhension de ces chants passe d’une première perception émotionnelle à une perception plus analytique : les voix, les timbres chargés d’harmoniques; les couleurs si particulières propres au savoir-faire de ces chanteurs choisis et reconnus par leur village, qui sortent de l’anonymat des chants issus de la nuit des temps; les mots appartenant aux différents dialectes ; les histoires racontées, de l’enfant qui ne peut pas dormir à l’homme emprisonné écrivant à son père, rituels témoins de l’universalité des valeurs humaines qu’ils énoncent ; les échelles musicales, composées de sons « choisis » au service du récit ; les polyphonies, qui mêlent l’indépendance des voix entre elles à un traitement harmonique indissociable des timbres des chanteurs.
Nous nous sommes donc prises au jeu de la découverte de nos propres voix, travaillant nos couleurs et nos timbres, découvrant par là-même nos voix populaires qui nous attendaient et nous attendent encore, car tel le bois qui travaille, nos voix changent, bougent, se musclent et s’affinent. Nous nous sommes prises au jeu de la re-création, arrangeant, désarrangeant ces chants construits sur des enchaînements et des superpositions d’intervalles non tempérés, d’un avant-gardisme populaire étonnant. Nous avons ajouté aux harmonies de base (accords parfaits sur tonique/dominante/tonique) nos propres harmonies, ciselant les dissonances existantes en leur donnant un éclairage contemporain qui relie le passé au présent.
De l’arrangement à la création, le fil est mince : la tentation était présente dès le départ. Et nous voilà dans notre propre écriture et celle des compositeurs et auteurs, nos contemporains. L’italien et ses dialectes côtoient à présent le français, autre monde à explorer et à faire sonner, autre pari à tenir. Là, le lyrisme madrigalesque de Giovanna Marini sur des textes d’Anne Quesemand et de Tania Pividori. Ici, le paysage sonore de Christine Laveder sur un haïku de Buson. Là encore, les jeux de dissonances et de consonances de Vincent Bouchot d’après un texte de Georges Perros. Et enfin la déstructuration mélodique et prosodique d’Anne-Eléonore Bovon, d’après un poème de Yannis Ritsos. Les textes de ces pièces, que nous avons choisi de regrouper dans le parcours musical du disque, se réfèrent largement à des propos de vie au quotidien, envisagés sous un angle satirique, mélancolique ou grinçant, et rejoignent ainsi l’univers des chants traditionnels qui les entourent.
Notre présent bascule déjà vers un futur riche d’influences musicales diverses qui nourrissent nos choix et nos inspirations. Le mélange musique populaire – musique contemporaine, musique orale – musique écrite, permet ainsi d’approfondir notre choix fondateur : intégrer les éléments d’une culture vivante de tradition orale à un langage contemporain, pour chanter encore et encore le monde d’aujourd’hui.
Anne Garcenot
« Les chants populaires italiens livrent ici, à travers de fines polyphonies, tout leur éclat, leur fraîcheur, leur force puisée dans la vie quotidienne, faite de rire, de passion, de résistance, de grandeur anonyme. »
L'Humanité
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