«Baignée de tous côtés par la Méditerranée, l’Italie est un joyau musical qui chante depuis toujours le cycle de la vie à travers ses chants populaires – mémoire des évènements d’une histoire parallèle. Du nord au sud, ce patrimoine issu de la tradition orale est extrêmement riche et diversifié. Il a été transmis de génération en génération avec la rigueur qui a permis sa conservation. La péninsule a su intégrer à cette musique les apports des peuples qui ont traversé son territoire.»
Tous ces chants sont lié à un rituel, à une fonction précise comme : séduire la bien-aimée, célébrer la passion de la semaine sainte par un Stabat Mater ou un Miserere, rythmer le travail (le ramassage des olives, la pêche au thon, le repiquage du riz dans la plaine du Pô…). Ils se développent au sein des sociétés agro-pastorales et sont tributaires de leur transformation. Les chants populaires italiens peuvent être interprétés par un seul ou plusieurs chanteurs, des hommes et / ou des femmes selon le répertoire et la région. Ils sont chantés a cappella ou accompagnés d’instruments, parmi lesquels on retrouve fréquemment : l’accordéon diatonique et chromatique, la guitare dite française et la guitare battente, divers types de cornemuses, des tambourins, différentes formes d’instruments à vent… Ces rituels de la passion du Christ se déroulent au cours de procession et la présence d’éléments profanes induit un contrôle et une tolérance de la part de l’Eglise. A Teramo dans les Abruzzes, il existe une passion chantée en monodie par les femmes dans laquelle Marie goutte le sang qu’elle trouve dans sa quête et reconnaît celui de son fils…
Très sommairement, nous dirons que la polyphonie se trouve plutôt au nord du pays – exception faite de la Sardaigne – et la monodie au sud. Mais bien évidemment ce serait compter sans toutes les particularités propres à chaque région et sans les échanges que les migrations internes de population ont apporté aux divers répertoires.
L’Italie est un pays où l’idée de Nation a un peu plus de cent quarante ans, aussi les langues et les cultures régionales ont-elles pu se développer et s’enrichir. Il en est de même pour de nombreuses formes musicales.
A ce titre le répertoire des chants de la semaine sainte est encore extrêmement vivant. En Sardaigne, il est chanté par les hommes, à quatre voix (contra, bassu, bogi, falzittu) avec souvent trois parties musicales réelles, l’une des voix étant doublée à l’octave.Les chanteurs appartiennent souvent à des confréries laïques, répètent toute l’année pour l’occasion et pour un résultat qui laisse entendre leur virtuosité, la richesse des mélismes, l’indépendance des voix ainsi que l’intense émotion que procure ce type de sonorités.
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